>>
AFP Français, 22/03/2008 : La laïcité au Liban, un âpre
combat face au confessionnalisme (PAPIER D'ANGLE)
AFP Français, 22/03/2008 8:20:25
GMT: La laïcité au Liban, un âpre combat face au confessionnalisme
(PAPIER D'ANGLE)
La laïcité au Liban, un âpre combat face au confessionnalisme
(PAPIER D'ANGLE)
BEYROUTH, 22 mars 2007 (AFP) - © 2008 AFP
Après avoir connu leur heure de gloire dans le Liban de
l'avant-guerre civile, les laïques tentent deséspérement
de faire entendre leurs voix dans un pays où la religion
prime, et qui connaît une forte polarisation à caractère
politico-confessionnel.
"Durant et surtout après la guerre civile (1975-1990),
le confessionnalisme a envahi le terrain", déplore
Nasri Sayegh, coordinateur de la "Maison de la laïcité",
inaugurée début février sous l'impulsion d'une association
libano-belge, l'Association pour un Liban laïque.
Les partis laïques, comme le Parti communiste et le Parti
social nationaliste syrien, ont connu leur âge d'or dans
les années 1960 et 70, avant qu'ils ne s'engagent dans la
lutte armée aux côtés des Palestiniens et des musulmans
durant la guerre civile.
Toutefois, souligne Sayegh, "bien que foncièrement
laïques, ces partis ont toujours mené le combat des autres,
et non pas celui de la laïcité proprement dite".
L'idée de fonder la "Maison de la Laïcité" est
née d'une volonté de transcender le clivage qui s'accentue
depuis trois ans entre la majorité antisyrienne, formée
de druzes, de chrétiens maronites et de sunnites, et l'opposition
appuyée par Damas et Téhéran et menée par le Hezbollah chiite
et le maronite Michel Aoun.
Les deux blocs comptent bien des mouvements qui brandissent
l'étendard de la laïcité, comme celui de M. Aoun, ou la
Gauche démocratique, composante de la coalition antisyrienne,
mais ils restent dominés par une forte couleur confessionnelle.
"Beaucoup nous disent qu'ils ne veulent pas avoir
une +étiquette+ sur le front et que la laïcité est une manière
de s'éloigner de la bipartition actuelle", dit Hadi
Naïm, militant au sein de la "Maison".
Après une centaine de demandes d'incription lors de l'inauguration,
les coordinateurs de la "Maison de la laïcité"
ont reçu près de 900 demandes sur le site communautaire
Facebook.
"Malheureusement, la marge de manoeuvre des laïques
s'amenuise à mesure que la fracture s'approfondit",
souligne Hadi Naim. "La bipolarisation a envahi tous
les espaces, nous sentons qu'il n'y a plus de place pour
nous".
Le Liban, où cohabitent 18 communautés religieuses, est
fondé sur un système de répartition des hauts postes de
l'Etat et des sièges du Parlement à parité entre musulmans
et chrétiens.
L'identité communautaire prévaut sur celle du citoyen et
écoles, universités, hôpitaux, voire même clubs sportifs
et scoutisme n'ont pas été épargnés par cette division confessionnelle.
Dans la période de l'après-guerre, le projet phare des
associations laïques, la loi sur le mariage civil optionnel,
a rapidement avorté, en raison de l'opposition des dignitaires
chrétiens et musulmans.
"Beaucoup ignorent le sens même de la laïcité, affirme
M. Sayegh. Certains l'assimilent à l'athéisme, d'autres
y voient un produit importé de l'Occident".
La "Maison de la laïcité" mène actuellement une
campagne pour supprimer la mention du rite sur la fiche
d'état civil.
"Nous avons déposé une demande auprès de la Sûreté
générale qui nous a simplement répondu +vous n'avez pas
le droit d'être sans religion+!", s'indigne M. Sayegh.
Pour le député antisyrien Elias Atallah, ancien responsable
au Parti communiste devenu l'un des leaders de la Gauche
démocratique, "le combat pour la liberté et la souveraineté
du Liban est prioritaire actuellement".
"Je mène le combat aux côtés de leaders de confessions,
comme Walid Joumblatt (druze) ou Saad Hariri (sunnite),
car la crise menace l'existence même de l'Etat libanais".
Pratiquement toutes les institutions de l'Etat, notamment
le Parlement, sont paralysées en raison du bras de fer entre
la majorité et l'opposition, qui entrave depuis fin novembre
l'élection d'un président de la République.
"On ne peut pas penser à réformer le système d'un
Etat, avant d'assurer les fondements mêmes de cet Etat",
assure M. Atallah.
ram/jlb/gk
retour
|