>> Le Soir, 27/11/2006,
page 42: Un voyage d'hiver pour les enfants du Liban
Torbey et El-Bacha interprètent Schubert
Jean-Claude Vantroyen
Ils sont d'origine libanaise, ils jouent pour le Liban.
C'est ce mardi, au Conservatoire de Bruxelles.
Abdel-Rahman El-Bacha au piano, Shadi Torbey au chant.
Sur leurs pupitres, le Winterreise, le Voyage d'hiver, de
Franz Schubert. Dans les esprits, au-delà de la musique
tendue et profonde de Schubert, le sort des enfants du Liban.
Le concert est organisé par l'Association belgo-libanaise
pour un Liban laïque, au bénéfice de l'Unicef, qui redistribuera
les fonds recueillis aux projets de terrain destinés à tous
les enfants victimes du récent conflit au Liban. Une superbe
musique, de remarquables interprètes, une bonne oeuvre,
une belle soirée donc.
« Quand j'ai commencé ma carrière de soliste, raconte Shadi
Torbey, j'en ai fait des galas. » Pas étonnant donc que
le lauréat du Concours Reine Elisabeth poursuive. Surtout
quand il s'agit du Liban. « El-Bacha et moi avons déjà donné
un Winterreise cet été. On avait bien préparé ce concert
et on s'est dit que ce serait bien de le refaire au profit
d'une organisation pour le Liban. Et voilà. »
Mosaïque
Le Winterreise de Schubert a été écrit dans les années
1820 sur des poèmes de Wilhelm Müller. C'est un voyage sombre
et ténébreux qui explore les profondeurs de l'émotion humaine,
le récit tragique de la souffrance éprouvée aux mains du
destin. Une oeuvre de circonstance quand on parle du Liban
?
« C'est d'abord une oeuvre fabuleuse, génialissime. On
y revient toujours, réagit Shadi Torbey. Et c'est vrai qu'on
pourrait y trouver quelque chose de métaphorique, au point
de vue de la misère humaine, de la solitude, du destin de
l'homme mais je ne vais pas dans cette direction. Nous n'avons
pas décidé, El-Bacha et moi, d'interpréter cette pièce parce
qu'elle parlerait du Liban. Et puis c'est aussi bien que
deux artistes d'origine libanaise mais de nationalités différentes
interprètent une oeuvre allemande. Ça a même plus de sens.
L'ouverture des horizons, contre la petite chapelle de chacun.
C'est ce que le Liban était : une mosaïque culturelle. »
A la Monnaie, Shadi Torbey répète actuellement La Traviata,
où il joue le méchant de service. Puis ce nomade qu'est
tout chanteur lyrique voyagera. Un concert ici, une prestation
là-bas. Et retour à Bruxelles. Entre-temps, il écoute de
l'opéra, beaucoup d'opéra. De la chanson française aussi
: Brel ou Brassens. Et du rock : Radiohead, Placebo, Muse.
« J'ai redécouvert Cindy Lauper dernièrement. C'était ma
folie des années 80. » Mais ça nous éloigne de Schubert...
retour
>> La Libre Belgique,
25/11/2006, page 5: “Winterreise”, pour un Liban laïque
Martine D.Mergeay
Récital, ce prochain mardi, de la basse Shadi Torbey et
du pianiste Abdel Rahman El Bacha.
Pour le Liban et au Conservatoire de Bruxelles.
Deux lauréats du Reine Elisabeth, solidaires d’une action
concernant leur pays, le Liban Abdel Rahman El Bacha remporta
le premier prix du Reine Elisabeth en 1978, Shadi Torbey
fut troisième lauréat du concours en 1994, mais ce n’est
pas la seule parenté entre les deux artistes : le premier
est né et a grandi au Liban dans une famille de musiciens,
le second, né en Allemagne de parents libanais, est issu
d’une famille chrétienne du nord de Beyrouth – et c’est
aujourd’hui le Liban qui les réunit. Ils donneront le “Winterreise”
de Schubert ce mardi, au Conservatoire de Bruxelles, invités
par l’Association pour un Liban laïque. Une ASBL qui inscrit
son action “dans un profond respect des diverses religions,
cultures et identités, qui font depuis toujours la richesse
du Liban […] et qui estime que c’est la laïcité de l’Etat
qui garantit le mieux au citoyen le libre choix de son appartenance
religieuse et philosophique”. Pour Shadi Torbey – qui, comme
Abdel Rahman El Bacha, se montre solidaire des objectifs
de l’association – “ce concert ne vise pas tant à récolter
des fonds qu’à ouvrir des pistes de réflexion pour ceux
qui y assistent ou en ont connaissance”. (En fait les éventuels
bénéfices seront versés à l’Unicef). Shadi Torbey et El
Bacha se connaissent depuis longtemps “Abdel Rahman ne pouvait
pas le savoir mais je l’ai entendu pour la première fois
quand j’avais huit ans, c’était précisément un concert de
solidarité, et j’ai été ébloui, à tous points de vue… Je
ne me doutais pas que vingt ans plus tard, nous donnerions
le “Winterreise” ensemble.” Ce n’est pas la première fois
que les musiciens se produisent ensemble, ils ont donné
le même programme deux fois au mois d’août, en pleine crise
libanaise, mais c’était sans rapport direct avec les événements
qui déchiraient leur pays, aujourd’hui, leur concert est
explicitement dédié au Liban. “Ce cycle est lié à ma découverte
de Schubert : 24 poèmes de Wilhelm Müller, que j’imaginais
à l’époque comme “un opéra pour voix seule avec piano”,
avec une conduite strictement narrative. Aujourd’hui, je
le pense tout autrement.” Le chanteur se laisse-t-il plutôt
guider par un fil poétique ? “Pas sûr non plus, je veux
laisser l’auditeur libre, ne rien imposer”. Quant aux difficultés
vocales et techniques de ce cycle mythique : “Bien chanter
est toujours difficile, mais quand on a trouvé la ligne
intérieure juste, on n’y songe plus. Je citerai le chef
Alberto Zedda qui, lors de master classes, nous expliquait
que l’intelligence du texte prime toujours, et il ne parlait
pas de Schubert mais de Rossini… De toute façon, je tâche
de créer une tension, un arc dramatique, mais qui n’a rien
à voir avec une série télé !” Les musiciens ont transposé
le cycle à la quarte inférieure, respectant ainsi l’enchaînement
des tonalités.
Au Conservatoire de Bruxelles, le mardi 28 novembre à 20h30
La basse Shadi Torbey, le dernier lauréat belge du Concours
Reine Elisabeth.
retour
>> Le Soir, 24/08/2005:
Décès du " Bruxellois " Faouzi Abi Khalil
La communauté libanaise de Belgique a perdu l'une de ses
personnalités les plus attachantes. Faouzi Abi Khalil s'est
en effet tué lundi dans un accident de la route, survenu
au Sud-Liban, où il était en vacances avec sa famille. C'était
un homme d'affaires averti, mais c'était surtout un grand
militant humaniste et démocrate. Son engagement l'a notamment
amené à lancer, à partir de Bruxelles, l'Association pour
un Liban laïque. (M. Li)
© Rossel & Cie S.A. - Le Soir, Bruxelles, 2005
retour
|